• Amadou

    Amadou reprenait sa course lorsqu’il se sentit faible et angoissé sans savoir pourquoi. Soudain, une voix qui venait du ciel, et qu’il entendit très distinctement, lui cria :

    Regarde-moi ! Je t’ordonne de me regarder !

    Il leva la tête en tremblant et vit, très haut, un oiseau de grande taille qui, les ailes étendues, tournoyait au-dessus de lui.

    Il continua d’avancer, mais avec effort et à petits pas chancelants, la tête toujours levée, ses yeux ne pouvant se détacher de l’aigle. Et celui-ci descendait, effrayant, sans replier ses ailes dont l’ombre s’allongeait sur le sol.

    Amadou fit un bond, mais il fléchit sous le poids de l’oiseau géant qui s’abattait sur lui et lui labourait les flancs de ses serres.

     

    Charles Vildrac, Amadou le Bouquillon, Bourrlier – Armand Colin, 1948. Droits réservés.